mardi

Les liaisons dangereuses

Liaisons dangereuses  une nouvelle de JC CULIOLI
C'était un pot-t-en terre
Qui avait très mauvais caractère.
Un vrai potentat, pour vous plaire,
Orgueilleux, fier,
Et un peu pervers pépère


Sûr de lui, il affichait partout
Sa bouille rebondie, « dix de der’ ! »
Ah ! les belles chevilles, mon loup,
Qu'il avait, le pot-t-en terre !

Même les fiers à bras parmi les pots d'fer
Chaussés de peaux de phoques en hiver
N'osaient skier sur les mêmes hémisphères
Que le grossier personnage (et vulgaire !)
Ventripotent pot-t-en terre...

Un jour, pourtant, il alla trop loin.
Oyez, bonnes gens du pot-t-en terre la fin :

Comme dit la chanson du matin - Chagrin,
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse
À pied, à cheval ou en première classe...
Avec ses marmots, sa pension alimentaire,
Et les vieilles soupières de sa grand-mère.

Un jour, donc, il rencontre une pote d'enfer.
Un sacré carafon qui a l'heur de lui plaire
La croupe galbée, les cheveux incendiaires,
L'oeil qui perd le mâle, fût-il de pierre.
C'est devant une banque qu'il se télescopèrent.
Lui, carte bleue ; Elle, le blues bancaire.

Toujours vantard, déjà fou d'Elle
Il donne son numéro confidentiel.
Le sang d'icelle ne fît qu'un tour :
C'était l'homme de sa vie, son nouvel amour.

Quant à lui, les bras lui en tombèrent,
Sa tête résonnait creux, ce fût le crash...
Mais la carafe, pas cruche,
N'assista pas à la mise en bière.
Ce qu'elle fit, tout simplement,
C'est d'empocher les trois mille francs,
Laissant là le pauvre pot-t-en tas...

Moralité. Ecrivez-moi cinq cent fois :
Je ne donnerai jamais mon numéro de carte bancaire
Fût-ce à une blonde cruche aux yeux verts...