
Au troisième top, il sera l'heure de mon Malheur.
Au troisième top, ils brancheront leurs écouteurs
Et je devrai me dépêcher de leur servir
Sur un plateau, tous mes restes de souvenirs.
Au troisième top, je vais encore serrer les dents.
Je vais devoir, leur avouer, en bafouillant,
Qu'il est trop tard, qu'il est trop tôt, que j'en ai marre,
Que la navette est partie, en rompant ses amarres.
Au troisième top, il vont crier : alors ? comment ?
Pourquoi ? pour qui ? comment c'était ? parles ! Tu mens !
Tremblant, désolé, désespéré, je vais dire :
Prenez un autre fou, je préfère en finir.
Plus vous me faites voyager, plus je rajeunis
Plus mes souvenirs s’évaporent dans la nuit
Au troisième top, ils vont encore s'exciter,
Bousculer leurs voisins, disséquer mes pensées,
S'arracher l'électroencéphalogramme
Et s'exclamer, néo-pathétiques : c'est un drame !
Un top, deux tops, et quinze ans passent, encore je rajeunis !
Je vole, je vois la mort et le soleil brunit,
J'observe la nacelle, d'un coup mes yeux se voilent :
Une vitesse folle, me colle, au plafond des étoiles.
Ca y est ! c'est l'affreux troisième top, où suis-je ?
Dans le miroir, j'ai treize ans, mais qu'y puis-je ?
J'ai rien vu, j'ai rien fait, c'est pas moi, c'est ma soeur.
Qui bat l'beurre. Avec un vélo à moteur. J'ai peur.
Ils disent : on n'a plus de centenaires pour nos expériences !
Elle est bien bonne !
Demandez à mon grand-père, il les fête à l'automne.
Il y en a un qui verdit. Dieu qu’il fait chaud par ici.
Ils parlent d'étoiles sans lunes. Ils se font du souci.
C'est bizarre, J'ai déjà vu cette histoire quelque part.
Des étoiles noires ? Oui, dans mon rêve de ce soir.
Il y avait une fusée, des amarres, c'était étrange.
J'ai crié. C'est la paille qui brûlait dans la grange.
C'est à cause du soleil dans loupe de grand-père.
Ils s'excitent et s'acharnent sur la paroi de verre.
Encore un effort, parlez, qu'avez-vous vu ?
Alors ? Vraiment rien ? Retournez-y ! Ne revenez plus !