dimanche

Attendre

Attendre, c'est se sentir moitié, admettre que seul, on ne peut être un tout, voir parmi les autres un peu de ce qu'on cherche, sans pourtant retrouver celui que l'on désire.

Attendre, c'est renoncer à son libre-arbitre, c'est accepter que le temps s'arrête, c'est se laisser porter par le projet futur dont on craint qu'il ne dépende pas de nous.

Attendre, c'est se nier, accepter tout. C'est aussi rencontrer, dans le regard des autres, une incompréhension douloureuse et morbide. Attendre, c'est aussi se dire : "Soeur Ame, ne vois-tu rien venir ?" et s'entendre répondre : "Qui crois-tu être, livide, pour oser m'attendre si longtemps ?".

Attendre, mais pourquoi faire ? Pour se croire important ou pour se satisfaire d'un rôle d'exécutant ? Attendre pour donner ou attendre pour prendre ? Attendre pour écouter ou attendre pour s'entendre ?

Attendre dans l'extase puis dans l'indignation puis dans la crainte ultime qu'on ne veut exprimer. Laisser passer les heures, à l'autre dédiées, comme un dernier hommage, un dernier sacrifice.

Attendre, c'est enfin renoncer, renoncer à ses rêves, regarder faner son bouquet de pensées, et se dire tout bas :
"Aujourd'hui, je n'attends plus rien ; j'attendrai mieux demain. "