dimanche

Dédicace : à mon ami Pascal...

Mon cher Pascal, mon ami,

Je ne sais pas si tu me liras,
mais si tu as gagné ton pari,
tu le pourras,
et tu risques alors de bien rigoler...

Et sinon, de toute façon,
c'est moi qui rigole...
il fallait bien qu'un jour
un médiocre penseur sur Gogole
adhère à la cabale
qui t'a persécuté.

Mon cher Pascal,
tu es un joueur invétéré
Tu n'arrêtes pas de parier
Ici et là sur les horaires des calèches,
(celles qui t'ont bourré de tunes
-- mais la légende c'est vrai
te veut humble et détaché)
et aussi, excusez du peu,
sur l'existence de Dieu
Voilà un pari qui a plutôt fait
ta bonne fortune
chez les bien penchants...

Mais était-ce bien raisonnable
pour une tronche géométrique comme toi ?
Toi qui a réinventé
c'est invraisemblable
les éléments d'Euclide
tout seul comme un grand.
Lui qui ne l'avait pas fait seul évidemment...

Pour ton pari dosé
"Osez le Paradis !"
T'aurais pas confondu espérance mathématique
et trouillomètre métaphysique ?

Tu avoueras que toute ton humble vie
tu t'es pris pas mal au sérieux...

Je ne parle pas de la courbe Brachistochrone
Pour laquelle tu étais plutôt de mauvaise foi
En prétendant que les mathématiciens
que tu avais défiés avaient manqué de temps pour te répondre,
Et du coup, pas de prix !
Mesquin ou radin ?

Bref passons à ce dernier pari,
Le seul qui pouvait te rendre enfin célèbre
Cabotin !
D'ailleurs tu as misé quoi en fait ?
Quelques jours ternes de ta vie malade
A faire semblant de croire en Dieu
Quelques envolées prosélytique
A faire se lever les paralytiques
Et ça y est tu gagnes le Paradis ?

Mais dis-donc c'est un vrai couillon
ton Dieu tout puissant !
Au Poker, on dit, "c'est un client !"
Tu pense qu'il l'a pas vu venir ton pari à la con ?
Tu crois qu'il te croit
Quand il te voit faire ainsi le dévot ?
Ah mon vieux il doit se marrer doucement
Quand tu nous la joues grandiose
avec "joies pleurs de joies"
on dirait une overdose
d'amphétamine ou simplement de jaja...

C'est mathématique, Pascal, si Dieu existe,
Quand il t'a entendu éructer ton pari,
son fou-rire a dû être retentissant !
Tu paries qu'il existe parce que c'est gagnant-gagnant...

Et supposons que moi je parie qu'il n'existe pas,
crois-tu alors qu'il m'enverrait en enfer
alors que de nous deux, c'est moi le plus sincère ?

Mais s'il n'existe pas, Saint Pascal,
Toi l'homme qu'à vu l'homme qu'a vu Dieu
Que dis-je ? Toi qui l'a vu en personne
avec tes plaies bien béantes,
bien couchées
sur des petits bouts de papiers
comme dans la chanson de Régine
Puissent-ils un soir papier buvard
t'avoir consolé
de tes humeurs chagrines

Mon ami, beaucoup t'ont admiré
mais personne ne t'a vraiment aimé.
C'est peut-être cela que tu cherchais depuis le début,
simplement du réconfort.

Alors, voilà, c'est tout ton cinoche
qui m'a déplu
Tu pouvais bien la porter en gémissant
ta robe de bure
cousue de tes pensées épileptiques
Pendant que la servante vidait ton pot
mais bon... on ne se refait pas
quand on a été enfant gâté.

Et puis si Dieu n'existe pas,
-- mon Dieu quelle misère --
je ne vais pas t'accabler
ton idée était jolie,
c'est juste la manière
qui ne m'a pas plu

Mais après tout, d'un ami
j'en ai déjà supporté plus...